Interview
Emmanuel Altmayer, directeur de société au sein de Réseau Emploi d’ATD Quart Monde, porte un projet ambitieux, celui des territoires zéro chômeurs. Déjà 10 territoires testent ce défi.
Sur quoi ce fonde le projet des territoires zéro chômeurs ? Quelles sont les origines de cette résolution ?
Emmanuel Altmayer - « Territoire zéro chômeurs » est un projet de politique territoriale qui vise à éradiquer le chômage en se fondant sur trois concepts, trois constats de notre part. Premièrement, personne n’est inemployable : Les chômeurs ont des compétences et ont, surtout, la volonté de travailler. Plus de 80% des personnes privées d’empois veulent travailler. Deuxièmement, le travail existe : au niveau d’un territoire, le nombre de services qui peuvent être rendus et qui ne sont pas monétisables aujourd’hui dans l’économie traditionnelle est considérable. Et troisièmement : l’argent est disponible : les coûts que le projet peut causer à l’état se compensent, finalement, avec ce que coûte un chômeur longue durée à l’état.
Comment se passe la sélection des territoires tests et quelle est l’importance des lois ?
E.A. - Il y a plusieurs phases de préparation pour les territoires qui souhaitent candidater. Il faut trouver, sur ces territoires, des services, des chômeurs longues durée, des entreprises et des locaux. Ensuite il y a une commission qui va évaluer les territoires qui se sont préparés. Il faut évaluer leur maturité, et beaucoup de ces territoires n’étaient pas matures, il y a donc une prise de risque. Ensuite il faut aussi penser à l’équilibre géographique, prendre des territoires partout en France et pas seulement concentrés dans le nord par exemple. Il faut aussi un équilibre entre les territoires ruraux et urbains. C’est là que vient l’importance des lois, elles permettent de choisir les futurs candidats grâce à une logique budgétaire puis l’évaluation. La deuxième loi qui est encore en projet permet aussi de définir et d’adapter le mot « territoire ». En effet en milieu urbain un territoire va de 3 000 à 10 000 habitants, soit un seul quartier, alors qu’en ruralité il est composé de plusieurs communes. Les logiques d’emploi ne sont pas les mêmes.
Comment se met en place un tel projet ? Qu’est ce qui peut lui permettre de perdurer ?
E.A. - Le but est de créer une vraie entreprise qui a des objectifs économiques mais surtout sociaux avec le but final de créer de l’emploi avant tout. Il y a donc un recrutement en CDI directement sans passer par des sélections. Les gens qui s’inscrivent doivent être très motivés et volontaires. Comme ils sont souvent issus de la précarité, ça représente un véritable challenge managérial. Pour faire durer ce projet il faut bien sûr que les entreprises augmentent leur chiffre d’affaire. Mais il faut aussi baisser les contraintes de fonctionnement comme ça les entreprises peuvent véritablement se développer. Des partenariats avec des privés et les collectivités locales peuvent aussi aider.
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